Pour comprendre les formes que pourrait prendre le christianisme aujourd’hui, il faut se pencher sur son contexte. Et en premier lieu sur qui peut être l’humain dans une société «liquide», globalisée, médiatique et marchande. Jean-François Habermacher est pasteur, formateur d’adulte et ancien directeur de Cèdres Formation.

Les sociétés occidentales dans lesquelles nous vivons connaissent depuis plusieurs décennies déjà de gigantesques transformations: pour faire court, et provisoirement, ce sont celles du triomphe de l’individualisme, de la globalisation marchande, des médias du spectacle et de la consommation de masse illimitée. Quelles sont alors les caractéristiques de cet humain religieux ou non, soumis à un changement permanent? Mentionnons quelques exemples:

La valorisation de l’individu, de sa conscience personnelle, de ses expériences vécues, son besoin d’intériorité, de chaleur et d’authenticité (on sait l’homme «postmoderne» friand d’émotions et d’activités qui contribuent à intensifier le sentiment de la vie).

Le recours à une raison sensible, instruite par l’autre versant de la rationalité, à distance d’un sens donné par des vérités et des normes absolues et extérieures.

Le retour à des formes d’appartenance et d’engagements électifs, ciblés, limités dans le temps.

La promotion d’un ajustement au monde (plutôt qu’un chamboulement ou une transformation en profondeur de la société), d’une solidarité, d’une responsabilité et d’un engagement précis et circonscrits.

L’apprentissage du changement continu et de l’incertitude existentielle (désormais, rien n’est stable ni acquis). C’est d’ailleurs la définition que l’ethnologue et sociologue Georges Balandier donnait de la modernité tardive: «Notre époque, disait-il, c’est le changement permanent plus l’incertitude.» Dorénavant, l’indistinction, le vague, l’ondulatoire, le mouvant font partie de la société qui émerge et en constituent des principes structurants et positifs.

L’apparition d’un nouveau rapport aux institutions. Celles-ci constituent davantage des relais et des ressources que des cadres normatifs dans lesquels il faudrait se couler. Elles deviennent des instances accompagnatrices, vouées à être des ressources de sens plutôt que des instances de légitimation qui confèrent une identité et une appartenance (ainsi, sur sol religieux, on ne dira plus d’abord: Je suis réformé, évangélique, catholique ou orthodoxe, mais on se dira d’abord chrétien!).

Cet extrait provient de l’article « »Être et faire Église » aujourd’hui…» de Jean-François Habermacher. Il est disponible dans le n°46 de la Revue des Cèdres: L’Eglise, pour y venir.

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