Il n’y aura pas de réponse profonde et durable aux bouleversements écosystémiques actuels et à la démesure du système CPC [consumériste, productiviste et « croissanciste »] sans une refondation anthropologique et cosmogonique, une verticalisation de nos relations avec la nature. L’enjeu n’est pas seulement le sauvetage ou la sauvegarde de la Terre et de l’espèce humaine, mais le sens même de l’existence et le devenir de ce qui, par définition, échappe à la politique, au marché et à la technoscience. […]
Dans une perspective spirituelle, le salut – soteria en grec, qui signifie aussi la santé – ne consiste pas à nous sauver de ce qui nous menace, mais à accomplir l’unité primordiale entre le cosmique, l’humain et le divin. […]
Il convient d’entendre la transition au sens fort du latin trans-ire, qui veut dire « aller au-delà ». […] Transiter, c’est traverser. Et « traverser, c’est accepter l’épreuve de la désillusion, reprendre au commencement, reconstruire, en sachant – pour toujours – que la Demeure de l’homme est dans ce travail même, où il ne se résigne pas. » […]
L’avenir ou à-venir […] est ce qui sera à partir de ce qui ad-viendra. Il est de l’ordre de l’avènement, de l’inattendu, de l’inconnu. C’est l’inespéré, toujours possible, qui dépasse notre entendement, impossible à pronostiquer ou empaqueter. Il est lié à la puissance de l’Esprit qui « souffle où Il veut », déverrouille le temps, libère les possibles qu’il recèle en nombre infini, à partir du moment où nous entrons en synergie avec ses énergies. […]
Notre vocation ultime n’est donc pas uniquement de « préserver », « conserver » ou prendre soin d’une espèce humaine et d’un monde dégradables et mortels, mais aussi de participer à leur « salut », c’est-à-dire au renouvellement dynamique et permanent en Dieu de toute la création ainsi qu’à l’accomplissement de sa transfiguration.
Cet extrait provient de l’article « Sauve qui peut (l’Esprit) », de Michel Maxime Egger. Il est disponible dans le n°51 de la Revue des Cèdres : Sauf le monde