À la demande de l’État, Pierre Gisel et Gonzales ont mis sur pied une formation intitulée «Communautés religieuses, pluralisme et enjeux de société.» En parallèle aux temps d’enseignement magistral, les participant·es apprennent à réfléchir, délibérer et se positionner en tant qu’agent·e mandaté·e par une communauté religieuse pour répondre à une demande de service public. Ces enseignants ont choisi le format du dilemme qui place les participant·es en tant qu’acteurs et actrices du dialogue entre des valeurs et des attentes.
La plupart des dilemmes proposés à la réflexion des participant·es sont réels. Ils sont tirés de l’expérience d’un·e intervenant·e, un·e praticien·ne. Cette personne est une agente mandatée par une communauté religieuse pour intervenir dans une institution publique, telle qu’un hôpital universitaire ou la Radio télévision suisse. Par exemple, «vous êtes aumônière sollicitée par la femme médecin en charge des urgences; vous intervenez dans la situation d’un père qui a battu son enfant afin de le corriger selon les prescriptions qu’il estime être les commandements de Dieu.» D’emblée, la situation met en tension plusieurs interlocuteurs et interlocutrices et registres de valeurs, obligeant les participant·es à articuler la revendication religieuse d’un père avec les attentes d’une institution publique en matière de protection des enfants. Les débats […] placent les participant·es à l’interface entre leur communauté et la société, acteurs et actrices du dialogue relatif à l’évolution des mœurs et au décalage que [des] innovations introduisent à l’endroit des traditions communautaires.
[C’est] un processus de ré-imagination et de reconstruction de valeur […] qui ne préexistaient pas aux délibérations.
Cet extrait provient de l’article « L’interreligieux et la société moderne » de Philippe Gonzalez. Il est disponible dans le n°52 de la Revue des Cèdres : Le dialogue pour religion