Le milieu évangélique est souvent cité en exemple pour sa capacité à renouveler ses générations. Mais cette lecture basique tient rarement compte des désengagements volontaires, de leurs raisons et de leurs conséquences. Caroline Gachet est sociologue, docteure ès sciences sociales de la faculté des sciences sociales et politiques de l’ Université de Lausanne.

Du point de vue de la sociologie des religions, un angle d’approche intéressant pour étudier les Églises dites traditionnelles est de questionner le renouvellement de leurs générations de croyants et de pratiquants. Dans un contexte actuel où les appartenances et les engagements subissent des changements importants et prennent des formes variées, force est de constater que certains courants religieux relèvent plus aisément ce défi que d’autres. Parmi ceux-ci, le milieu évangélique est souvent désigné comme un exemple en la matière. Partant à la fois des théories de la socialisation et du marché religieux, nous avons essayé de montrer que la transmission d’un mode de vie religieux de type militant et les processus d’apprentissage liés, couplés à une offre religieuse attractive, constituaient des pistes intéressantes pour expliquer et comprendre le «succès» du milieu évangélique.

Pour résumer de manière très simple, on apprend depuis tout petit à « être évangélique», à «faire partie de la famille évangélique» et à «adhérer à la vision du monde évangélique». En retour d’un engagement religieux total et concret, on accède aux nombreux biens et ressources qu’offre le milieu évangélique dans son ensemble (autant religieux tels que contenus ou événements que relationnels en trouvant son/sa partenaire, la grande majorité de ses amis, un réseau social dense et solide, etc.). Le mode évangélique de penser et d’agir est ainsi transmis de génération en génération, perpétuant le mouvement.

Toutefois, cette vision linéaire, voire parfaite, de la pérennisation du milieu évangélique ne tient pas compte des désengagements ou, pour reprendre le terme utilisé dans mon travail de thèse, des désaffiliations volontaires. En partant de la perspective de l’individu, pour quelles raisons décide-t-on de quitter un groupe dans lequel on a investi souvent beaucoup de temps et d’énergie, pour lequel on s’est engagé corps et âme et duquel on tire des ressources symboliques et affectives non des moindres? Que quitte-t-on et que garde-t-on?

Cet extrait provient de l’article «Les désaffiliations religieuses dans la logique des Églises en mutation» de Caroline Gachet. Il est disponible dans le n°46 de la Revue des Cèdres: L’Eglise, pour y venir.

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