Théologie et tolérance sont-elles définitivement opposées? Le soupçon: la théologie serait intolérante et la tolérance refuserait toute assertion théologique. Si l’auteur renvoie ces termes dos-à-dos, c’est pour les pousser à une recherche de respect dans la coexistence. Denis Müller est professeur honoraire d’éthique des universités de Lausanne (UniL) et Genève (UniGe). Extrait.

La tolérance, pour s’opposer au relativisme ruineux, doit donc s’accommoder d’un pluralisme des croyances et des religions. C’est dans la coexistence que se forgent le respect mutuel et l’interpellation exigeante. L’expérience interreligieuse est source de paix et de dynamisme interne. Croyants individuels et communautés religieuses doivent faire le deuil de la fusion et de la confusion, en abandonnant l’idéal faussement œcuménique d’une unité abstraite ; ils doivent aussi se faire à l’idée du caractère indépassable de la pluralité des religions. C’est la seule manière de se libérer des effets pervers d’un prosélytisme agressif et conquérant, qui a sévi au cours des siècles et continue à se faire menaçant aujourd’hui sous toutes les formes des intégrismes et des fondamentalismes. De ce point de vue, l’intégrisme catholique et le fondamentalisme protestant sont tout aussi ruineux que leurs équivalents musulmans ou juifs. Chaque religion et chaque croyant sont au contraire invités à une attitude d’ouverture et d’autocritique, dans le sens d’un universalisme de la vérité.

Concrètement, cela implique que le christianisme et les chrétiens, comme les autres religions, développent et déploient eux-mêmes un sens aigu de la vérité. Ils le feront non pour en imposer aux autres, mais pour témoigner de la vérité qui ne leur appartient pas.


Cet extrait provient de l’article «Théologie, tolérance et religions» de Denis Müller. Il est disponible dans le n°45 de la Revue des Cèdres: La tolérance se cherche une religion.

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