Qu’en est-il de la sensibilisation aux questions de culture religieuse dans l’enseignement aujourd’hui? Comment développer l’esprit d’analyse et de critique dans les filières obligatoires et post-obligatoires? Et qu’en est-il en particulier dans les filières d’apprentissage (écoles professionnelles) si répandues en Suisse? C’est bien la question du «vivre ensemble» qui est en filigrane du présent article. Louisa Diaz est enseignante en culture générale au Centre d’enseignement professionnel de Morges (CEPM). Elle est membre du Comité de rédaction de la Revue des Cèdres.

Mais qu’en est-il de l’enseignement en école professionnelle, et plus précisément de son cours de culture générale (ECG) dispensé à plus de 50 % des jeunes en Suisse? Car les besoins et les demandes existent, et ce, malgré le fait que l’ECG ne propose pas de «cultures religieuses» à proprement parler. A ce jour, nous avons observé que de nombreux enseignants ECG du post-obligatoire ont pris les devants au lendemain des attentats en France en octobre dernier. Il leur semblait nécessaire de parler de l’actualité parce que ces évènements s’opposent à l’idéal d’ouverture démocratique qui caractérise notre histoire et notre culture et, assez logiquement, les élèves ont aussi exprimé le besoin d’en débattre. Chacun, en fonction de son bagage didactique et académique, a donné la possibilité aux élèves de s’exprimer sur ces événements, et même d’y travailler de manière plus approfondie. En définissant les termes de «religion», de «laïcité» ou encore de «terrorisme», par exemple, voire en brossant un tableau historique du Moyen-Orient, de son passé colonial, ou encore en prenant comme base de discussion notre Constitution; l’éventail des outils est large, et chacun s’est attelé à cet exercice de mise en contexte et de réflexion pour que la violence ne soit pas le dernier mot. L’expérience dévoile qu’il est tout d’abord utile de créer cet espace de discussion. Le plan d’études nous y encourage : éthique, droits de l’homme, discrimination et racisme, mondialisation… En effet, compte tenu de ces exhortations, nous pensons qu’il est absolument nécessaire pour l’enseignant d’ECG d’être en mesure d’aborder le débat concernant l’actualité, les religions, l’intégration, l’identité et la culture, dans le cadre de son enseignement, et d’aller dans le sens de la tolérance envers les uns et les autres avec comme vecteur le «vivre-ensemble» prévu par la loi.

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Le défi, aujourd’hui, est donc bien d’utiliser la tolérance dans le sens de l’interculturalité, car la pluralité culturelle et religieuse est un état de fait, et non un problème qu’il faut éliminer. Elle est donc le chemin privilégié pour une diversité appelée à devenir une réelle plus-value pour tous. Dès lors, le mandat de l’enseignant en milieu professionnel pourrait se reconnaître dans ce postulat: apporter savoirs, savoir- faire et savoir-être à tout un chacun dans son parcours, puis de permettre l’accès à une actualité critique, au débat construit, tout en rappelant ce que nos lois précisent et pourquoi elles le prescrivent. Car elles aussi vont dans le sens de cette tolérance-là, celle qui enrichit. Ainsi nous formerons au mieux les citoyens de demain, dans un esprit de paix et de compréhension mutuelle.


Cet extrait provient de l’article «A l’école de la tolérance» de Louisa Diaz. Il est disponible dans le n°45 de la Revue des Cèdres: La tolérance se cherche une religion.

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