La foi chrétienne perd sa logique dans une société pourtant modelée par un récit chrétien. Les institutions perdent leur influence. Dès lors, comment considérer la décroissance de l’Église comme une chance pour dire ce qu’elle peut devenir en contexte de post-chrétienté? L’auteur propose trois axes clairs pour penser l’Église d’aujourd’hui: la mission, l’incarnation et l’expérience. Gabriel Monet est professeur de théologie pratique à la faculté adventiste de théologie de Collonges-sous-Salève et directeur du Centre de recherche José Figols.

Une Église missionnelle

Un des axes clefs d’une ecclésiologie de postchrétienté est la prise en compte que l’Europe est redevenue terre de mission. En chrétienté, tous étaient (plus ou moins) chrétiens. De ce fait, la mission concernait uniquement les pays en dehors du monde chrétien. L’imaginaire collectif autour du vocable «missionnaire» est encore aujourd’hui souvent associé à cette compréhension, trop conquérante

Ainsi, parler d’une Église missionnelle remet en valeur la mission dans un contexte où la foi chrétienne est en mode mineur, et tranche avec une vision triomphaliste de la mission.

Une Église incarnationnelle

Pour que l’Église puisse assumer sa participation à la mission de Dieu et contribuer à la diffusion et à l’adhésion à l’Évangile, il est primordial qu’elle développe une certaine pertinence culturelle. Si l’incarnation de Jésus est évidemment centrale dans la foi chrétienne, elle a une portée non négligeable pour l’identité de l’Église. Jésus s’est incarné dans une culture donnée; il modélise ainsi le rôle de l’Église qui, après lui et en s’appuyant sur lui, joue ce rôle d’invitation à une vie connectée avec Dieu.

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Voilà le défi de l’Église aujourd’hui: être immergée dans la culture de sa génération, non pour en épouser tous les styles, mais pour contribuer à la transformer et accompagner les personnes dans un itinéraire de vie qui les amènera à réfléchir et à voir les choses sous d’autres angles. Pour partager avec nos contemporains, il est nécessaire de les rejoindre dans leur mode de pensée, donner et recevoir, et accepter que l’on puisse aller ensemble vers une transformation mutuelle.

Une Église expérientielle

Dans le contexte actuel de postchrétienté, ce n’est plus tant la vérité en tant que telle, souvent exprimée au travers des dogmes, qui fait l’objet de l’attention des contemporains, mais bien plus ce qu’apporte la foi à la vie, le sens qu’elle lui donne.

Cette «économie de l’expérience» touche à tous les domaines de la vie, comme le souligne Leonard Sweet. C’est vrai pour le commerce et l’industrie qui aujourd’hui ne cherchent plus seulement à vendre des produits, mais veulent qu’une expérience de vie y soit associée. C’est vrai de l’éducation ou du tourisme, et bien sûr de la vie spirituelle.

Cet extrait provient de l’article «Jalons pour une ecclésiologie de postchrétienté» de Gabriel Monet. Il est disponible dans le n°46 de la Revue des Cèdres: L’Eglise, pour y venir.

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